samedi 25 juillet 2009

La silhouette des new-yorkais dépend en grande partie de leur quartier

Plusieurs enquêtes épidémiologiques récemment publiées confirment qu'il existe des différences marquées dans le poids moyen des habitants de New-York en fonction du quartier ("borough") où ils habitent. Ainsi, les résidents du Bronx sont obèses ou en surpoids marqué pour 62 % d'entre eux, alors que ceux de Manhattan ne le sont que pour 42%, ce qui constitue le taux le plus faible des 62 comtés de l'état de New-York. Les autres "boroughs" affichent des chiffres élevés, proches des 60% : 58,6 % pour Brooklyn, 57,7 % à Staten Island et 57,6 %t dans le Queens.
Ces résultats ne sont pas très surprenants dans la mesure où ils confirment que le niveau socio-économique est un déterminant fort du risque d'obésité. On sait par ailleurs que trois autres facteurs aggravent le risque de surpoids majeur : l'éloignement des commerces alimentaires proposant des produits frais, la mauvaise desserte en transport en commun obligeant à l'usage de la voiture et la difficulté d'accès à des espaces verts permettant l'exercice physique. Ces éléments conditionnent une grande partie de la morbidité et de la mortalité en particulier pour ce qui est des affections cardiovasculaires et du diabète. Mais l'incidence des cancers est également augmentée par l'obésité au moins pour ceux du sein, du colon, du corps de l'utérus ou du rein. En outre, l'obésité constitue un facteur classique de retard diagnostique en cancérologie et peut dégrader les possibilités thérapeutiques jusqu'à, dans certains cas, rendre le traitement idéal techniquement irréalisable. Au total, le surpoids et l'obésité augmentent l'incidence des cancers et diminuent leur taux de guérison.
En France, il est probable que les différences entre quartiers d'une même ville sont moins marquées pour des raisons sociologiques historiques. Toutefois, la ségrégation imposée par le prix de l'immobilier urbain va probablement conduire à des évolutions du même ordre qui, à défaut de les empêcher complètement, devrait conduire à prendre des dispositions sanitaires préventives et curatives adaptées.

samedi 18 juillet 2009

Retard thérapeutique : les hôpitaux québécois payent...un peu !

Plusieurs milliers de patientes ont déposé plainte contre les hôpitaux du Québec en raison du retard dans leur prise en charge par radiothérapie. Il s'agissait de patientes traitées pour cancer du sein qui ont attendu plus de 12 semaines pour bénéficier d'une radiothérapie postopératoire faisant partie intégrante du plan de traitement initial.
Un tel délai est considéré habituellement comme un facteur de dégradation du taux de contrôle local des cancers du sein ce qu'a confirmé une analyse systématique de la littérature réalisée en 2006 à la demande des autorités gouvernementales du Québec. Il apparaît en effet que chaque mois d'attente supplémentaire au delà d'un délai de 8 semaines, majorerait le taux de récidive locale de 10 à 20%, avec une influence négative moins nette sur la survie des patientes.
Le recours collectif déposé par près de 4 000 femmes traitées pour un cancer du sein entre octobre 1997 et mars 2009 et ayant attendu la radiothérapie postopératoire plus de 12 semaines s’est finalement réglé à l’amiable. Les 12 hôpitaux québécois concernés vont ainsi verser 5,4 millions de dollars canadiens soit en moyenne 1350 $ par patiente (environ 850 euros).
On peut noter que ce recours collectif a été initié par une habitante de Montréal d'origine turque qui a décidé de recevoir sa radiothérapie postopératoire en Turquie pour raccourcir le délai d'attente !
Les hôpitaux concernés déclinent toute responsabilité dans la mesure où ils considèrent qu'elle revient aux autorités gouvernementales qui décident de l'organisation des soins et de l'allocation des ressources notamment humaines et matérielles. Toutefois, au cours de la période récente ces délais d'attente se sont nettement réduits sans pour autant avoir complètement disparus.
En France, une démarche collective initiée dans le cadre du Plan Cancer a permis d'analyser les raisons de certains délais parfois inacceptables de prise en charge par radiothérapie. La mise en place de procédures organisationnelles adaptées a permis de contenir la très grande majorité des délais postopératoires pour la mise en place d'une radiothérapie à environ 6 semaines, sauf si d'autres traitement sont associés notamment une chimiothérapie.Toutefois, les tensions démographiques qui existent dans plusieurs corps de métiers indispensables à la mise en oeuvre de la radiothérapie (radiothérapeutes, radiophysiciens, entre autres) font courir le risque d'un allongement des délais de prise en charge notamment dans les zones géographiques où le maintien d'un nombre suffisant de professionnels est le plus difficile. Par ailleurs, l'accentuation des mesures de sécurité et de qualité qui constitue une évolution à la fois normale et souhaitable, a cependant un impact sur la complexité des procédures et par voie de conséquence sur le temps nécessaire à leur mise en oeuvre.
Au total, l'initiative des patientes québéquoises a la vertu de rappeler que le temps est un paramètre important du traitement et que l'influence néfaste d'un retard important dans la prise en charge est de nature à annihiler voire à renverser les avantages que l'on en attend.

vendredi 3 juillet 2009

Réforme du système de santé US : les lobbies se déchaînent !

Les contours de la réforme du système de santé américain proposée par B. Obama sont en train de se préciser au fur et à mesure que les textes issus du Congrès sont connus et que les oppositions aux mesures qu'ils contiennent se font de plus en plus fontes et claires.
Même si tous les intervenants proclament que leur préoccupation majeure est la santé des américains, on est toutefois obligé de constater que les considérations financières y compris personnelles sont au coeur du débat : les citoyens redoutent de payer plus d'impôts, les médecins d'être moins bien rémunérés, les assureurs de voir leurs marges diminuer, les industriels du médicament de constater une fonte de leurs bénéfices, etc...sans oublier les médecins spécialistes qui craignent une baisse de leurs revenus pour financer l'augmentation des honoraires des généralistes, ces derniers ne souhaitant pas que leurs revenus dépendent massivement du système Medicare, etc.
Comme prévu, rien n'est donc facile pour tenter d'améliorer la piètre performance d'un système qui consomme bon an mal an le cinquième du PIB des USA soit environ 2500 milliards de dollars.
Au sein de ce concert de critiques, l'AMA (American Medical Association), se distingue par la virulence de son opposition au projet de réforme, fidèle dans le cas présent à ses habitudes conservatrices dont elle a souvent fait preuve par exemple en s'opposant à la création du Medicare il y a une trentaine d'années. Dans le cas présent, les médecins américains ne font pas preuve d'une grande solidarité y compris entre eux, l'opposition entre spécialistes et généralistes n'ayant jamais été aussi forte.
Globalement, les craintes exprimées par les offreurs de soins y compris hospitaliers reposent sur le fait que le remboursement par le Medicare est moins important que celui apporté par les assurances privées, de l'ordre de 20% en moyenne. Pour couronner le tout, les industriels du médicament sont également opposés à la réforme à l'argument central que l'interventionnisme étatique va limiter l'éventail des médicaments et dispositifs médicaux remboursés et par voie de conséquence, selon eux, diminuer la qualité de la prise en charge !
Ces oppositions multiples et souvent contradictoires vont se manifester de plus en plus bruyamment au fur et à mesure que l'échéance législative approche, a priori à la fin de l'été.