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New York Times a publié le 2 mars dernier un article révélant que les étudiants en médecine de la célèbre Harvard Medical School accusent ouvertement certains de leurs enseignants d'entretenir des liens avec l'industrie, notamment pharmaceutique, susceptibles d'altérer l'impartialité de leur enseignement. Le mouvement de protestation rassemble plus de 200 étudiants qui souhaitent que l'institution dans laquelle ils sont formés garde intacte sa réputation et par voie de conséquence la leur. Ils sont notamment inquiets de la note F attribuée récemment à Harvard par l'association nationale des étudiants en médecine américains qui évalue la qualité du contrôle des financements industriels par les universités médicales; dans le même temps, l'Université de Pennsylvanie a reçu la note A, Stanford, Columbia et l'université de New-York la note B et Yale la note C. Une des raisons invoquées par l'administration de Harvard pour expliquer ce mauvais résultat serait que les hôpitaux qui font partie du complexe ne sont pas la propriété de l'université mais sont dirigés par des opérateurs municipaux ou privés....
Les étudiants de Harvard ont d'ores et déjà obtenu que leurs professeurs ou conférenciers présentent directement en classe les liens éventuels qu'ils entretiennent avec l'industrie, ce qui a permis de révéler que l'un d'entre eux avait des liens avec 47 sociétés...!
Le sujet est d'importance, dans la mesure ou la Harvard Medical School ne peut pas se permettre, pas plus que ses concurrentes, de se priver de financement industriel (8,6 millions de dollars pour la recherche fondamentale et 3 millions pour la formation continue en 2008) même si la plus grande partie de ces sommes est au bénéfice direct des hôpitaux affiliés sans contrôle universitaire réel. D'un autre côté, Harvard ne peut pas non plus détériorer son image référentielle mondiale dans une période où la crise financière a déjà réduit les dons de presque un quart au cours des derniers mois.
Pour Marcia Angell, enseignante à Harvard et ancienne rédactrice en chef du prestigieux New England Journal of Medicine, il y a incompatibilité absolue entre les objectifs de l'industrie et ceux de la recherche universitaire; pour elle, les liens ne doivent pas seulement être rendus publics mais purement et simplement interdits. Elle ajoute que si Harvard ne peut pas y arriver, qui alors en sera capable ?
Si ce débat n'est pas nouveau, on ne peut cependant qu'être surpris du fait que des étudiants se saisissent de ce problème ce qui témoigne d'une maturité certaine ... ainsi d'ailleurs que d'un sens pratique aigu, aucun d'entre eux ne voulant voir dévalorisé un diplôme chèrement acquis, à tous les sens du mot !
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