dimanche 12 avril 2009

Dossier médical personnel : acte I aux USA, acte II en France.

Le gouvernement fédéral américain a le projet d'investir près de 20 milliards de dollars pour développer un dossier médical informatisé. Un des buts recherchés est de dégager des économies de fonctionnement susceptibles d'aider à trouver un équilibre financier pour la réforme globale du système de santé prôné par Barack Obama.
Dans le même temps de nombreuses voix s'élèvent pour souligner les difficultés de la mise en oeuvre d'un tel projet ainsi que le caractère très improbable des économies espérées. C'est ainsi que des articles récents parus dans le New England Journal of Medicine rapportent que seulement 9% des 3000 hôpitaux américains audités lors d'une étude financée par le gouvernement fédéral disposent d'un dossier médical informatisé sans qu'il soit pour autant toujours communiquant avec notamment les autres établissements ou les médecins installés en ville. Par ailleurs, d'autres experts critiquent les choix technologiques actuels qui pour la plupart sont des logiciels "pré-internet" dits "fermés" ou "propriétaires" alors qu'il leur apparaît évident que la technologie ouverte du web constitue la solution la mieux adaptée permettant notamment à des contributeurs extérieurs de participer à l'amélioration permanente de l'outil logiciel, tout en réduisant le coût global de la démarche.
Il vient d'être nommé un coordonnateur national pour la technologie de l'information en médecine, le Dr. David Blumenthal, professeur à la Harvard Medical School, qui a déclaré que les économies financières n'étaient qu'un objectif "accessoire", le but principal étant en fait d'améliorer la qualité du service médical rendu par l'informatisation des données.
La triste saga du dossier médical personnel (DMP) informatisé français est là pour démontrer si besoin était que la démarche est en toute hypothèse complexe et souvent cahotique. L'objectif d'économie financière mise en avant par les décideurs de 2003-2004 était à l'évidence irréaliste, son atteinte éventuelle supposant au préalable des investissements massifs et une patience certaine avant que les premiers résultats soient perceptibles à l'échelle nationale. Il semble qu'il ait été décidé récemment au plus haut niveau de réactiver ce dossier en abandonnant l'objectif d'économie financière initialement mis en avant et en se donnant une période de mise en oeuvre plus réaliste, c'est à dire une dizaine d'années ...! Espérons que ces bonnes résolutions initiales résisteront à l'épreuve du temps, des changements politiques et des contraintes budgétaires pour enfin doter notre système de soins de l'outil performant dont il a grandement besoin.

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