mercredi 1 avril 2009

Un nouvel indicateur de la transformation cellulaire maligne

Dans le cadre des avancées de la protéomique (**) une équipe du Michigan Center for Translational Pathology d'Ann Arbor publie dans le numéro du 12 février 2009 du journal Nature, un article consacré à la possibilité de distinguer parmi les cancers prostatiques ceux qui sont localisés à la glande de ceux qui sont métastatiques, en dosant une protéine circulante, la sarcosine.
Il s'agit en fait non pas de protéomique au sens propre du terme mais de "métabolomique "(***) c'est à dire de l'étude des intermédiaires métaboliques qui apparaissent tout au long de la progression tumorale; leur mise en évidence et leur dosage constituent a priori des indicateurs à valeur pronostique supérieure à celles des biomarqueurs habituellement dosés dans le sang circulant comme, par exemple dans le cas particulier des cancers prostatiques, le PSA (Prostatic Specific Antigen).
L'étude repose sur l'analyse de plus de 1000 métabolites recherchés dans 262 échantillons biologiques dont 42 biopsies, le reste étant fait de prélèvements sanguins ou urinaires. L'utilisation d'un spectromètre de masse (****) a permis d'identifier 60 métabolites présents dans le tissu prostatique cancéreux alors qu'ils ne sont pas retrouvés dans le tissu normal. Parmi eux, 6 métabolites, dont la sarcosine, présentent des taux significativement élevés quand la tumeur devient métastatique. A titre de contre épreuve, l'addition de sarcosine à des cellules prostatiques en culture leur fait acquérir les caractéristiques d'un développement agressif et invasif. La perspective thérapeutique qui découle logiquement de ces résultats repose dans la possibilité de bloquer la machinerie enzymatique qui conduit à l'apparition de la sarcosine dans le milieu, empêchant ainsi la transformation cellulaire vers un mode tumoral malin.
Au total, génomique (*), protéomique et métabolomique, toutes filles de la biologie moléculaire, sont en passe de transformer l'approche diagnostique et thérapeutique de bon nombre de cancers même si la complexité des mécanismes rend encore leur application pratique limitée à certaines situations pathologiques particulières.
Quoiqu'il en soit, il s'agit-là d'une application remarquable de la recherche dite en transfert c'est à dire reliant étroitement les questionnements biologiques cognitifs d'une part et les préoccupations cliniques applicatives d'autre part.

Sreekumar A and al. Metabolomic profiles delineate potential role for sarcosine in prostate cancer progression. Nature. February 12, 2009.

(*) Génomique : discipline biologique qui a pour objet l'étude du génome ou patrimoine génétique d'un organisme vivant
(**) Protéomique : discipline biologique récente qui étudie l'ensemble des protéines d'une cellule ou protéome.
(***) Métabolomique : discipline biologique très récente qui étudie l'ensemble des composés issus du métabolisme cellulaire ou métabolites.
(****) Spectromètre de masse : appareil servant à l'analyse des molécules par caractérisation de leur structure chimique en fonction du rapport entre leur masse et leur charge après ionisation (acquisition d'une charge électrique négative ou positive) en phase gazeuse.

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