mardi 16 septembre 2008

Les surprises (?) du Medicare

Le Darmouth Institute publie depuis plus de 20 ans un "Atlas of Health Care" établi à partir des données du Medicare, système d'assurance de santé géré par le gouvernement des USA et destiné pour l'essentiel aux patients de plus de 65 ans. Cet institut, qui dépend du célèbre Darmouth College fondé en 1769 à Hanover, New Hampshire, fournit ainsi tous les ans une vision à la fois nationale et locale des coûts des soins mais aussi du type d'actes en fonction de l'endroit où ils sont réalisés.
Sans surprise, il existe là comme ailleurs, des différences considérables entre les zones géographiques peut-être encore aggravées aux USA par l'immensité du territoire. C'est ainsi que le remplacement prothétique du genou est pratiqué deux fois plus souvent dans le Nebraska que dans le Rhode Island ou que les patientes ayant fait l'objet du diagnostic d'un cancer du sein aurant 7 fois plus de chances (!) de subir une mastectomie totale dans le Dakota du sud que dans le Vermont. Globalement, si le niveau des dépenses par patient est plus important sur les côtes est et ouest, essentiellement en raison des frais engagés au cours des dermières semaines d'existence, par contre le nombre d'actes chirurgicaux est sensiblement plus élevé dans le middle west et notamment dans sa partie nord. Mais il existe des variations également importantes entre des lieux de soins très proches comme, par exemple, le remplacement de hanche deux fois plus fréquent à Palo Alto qu'à San Fransico ... tous deux séparés de quelques kilomètres.
Les chercheurs du Darmouth Institute ajoutent que les patients résidant dans les zones géographiques où les dépenses de soins sont les plus élevées n'en sont pas pour autant mieux soignés, puisque les taux de mortalité y sont les plus élevés. Ils mettent en avant comme cause principale de ces résultats paradoxaux, le taux élevé d'hospitalisation avec les risques d'infections nosocomiales et "d'erreurs médicales"(sic) que cela entraîne, tout en soulignant que le nombre important de médecins spécialistes dans ces zones constitue un risque en lui-même notamment en accumulant les actes et en diluant les responsabilités !
Au chapitre des propositions, le responsable du programme pense que pour lutter contre la fragmentation et le manque de coordination qui caractérise à ses yeux le système US, la solution la mieux adaptée serait d'augmenter sensiblement le nombre de médecins de famille, dans la mesure où les études faites à partir de ces données collectées montrent que les coûts croissent et que la qualité globale décline quand le nombre de spécialistes augmente.
Il semble y avoir beaucoup à faire pour inverser la tendance si l'on en croît l'anecdote d'un médecin venu du Nebraska pour s'installer dans le New Jersey et qui, indiquant à l'une de ses amies qu'il est médecin de famille, s'est entendu répondre : "Cela n'existe pas dans le New Jersey." Cette réponse pourrait être aujourd'hui également entendue dans certains territoires français et il est probable que la situation qu'elle traduit entraîne les mêmes effets que ceux constatés année après année aux Etats-Unis.
Pour les curieux, les infographistes du New York Times ont confectionné un splendide outil multimedia à partir des données du Darmouth Atlas of Health Care.

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