lundi 6 octobre 2008

Bientôt le "one hundred per cent" pour le patient anglais ?

Le gouvernement travailliste de Gordon Brown s'apprête à exonérer les malades porteurs de cancer des frais qui restent à la charge des patients anglais pour tout achat de médicament en dehors de l'hospitalisation (7,10 £ par prescription ou un forfait annuel de 102,50 £ soit respectivement 9,3 et 127,1 euros).
Il s'agit là de la première étape d'un plan plus global visant à exonérer l'ensemble des patients porteurs de maladies chroniques des frais de médicaments, ce qui est déjà en place au Pays de Galles et va l'être prochainement en Ecosse. Le coût de cette réforme devrait être couvert par un recours accru aux médicaments génériques et une renégociation des contrats entre le NHS (*) et les laboratoires pharmaceutiques.
Bien entendu, les associations de patients porteurs d'autres maladies que les cancers protestent vivement et accusent le gouvernement anglais de discrimination, dans la mesure où le calendrier de l'extension de la mesure aux autres pathologies n'est pas précisé et qu'il devrait dépendre des économies financières réalisées par le NHS sur les médicaments.
Dans le même temps, le gouvernement anglais semble sur le point d'autoriser officiellement les patients hospitalisés dans les établissements du NHS à acquérir à leurs frais, dans le secteur privé, des médicaments qui ne font pas partie de la liste retenue par le NHS en vertu du principe "pay for value". Cette pratique, jusqu'ici officieuse, est considérée comme une source de discrimination sociale, son officialisation faisant bien entendu débat.
Il faut toutefois préciser que les médicaments sont d'ores et déjà gratuits pour certaines catégories de la population comme les plus de 60 ans ou ceux bénéficiant d'une aide sociale, mais que l'on estime cependant à 46%, les patients de moins de 55 ans qui ont à payer pour leurs médicaments anticancéreux.
Rappelons qu'en France, il existe une liste d'une trentaine d'affections dites de longue durée qui donnent droit à l'exonération complète du "ticket modérateur" c'est à dire du reste à charge pour le patient, et ce pour tous les soins en rapport avec la maladie en cause y compris les médicaments qu'ils soient administrés à l'hôpital ou en ville. Les cancers figurent bien entendu dans cette liste avec d'autres maladies dites chroniques que bien des pays, dont l'Angleterre, n'envisagent même pas d'inclure dans une quelconque mesure d'exonération.
Toutefois, le maintien dans l'avenir de ces dispositions "généreuses", qui émerveillent les retraités anglais qui ont choisi de passer leurs vieux jours dans notre pays, mérite l'attention de tous, public et politiques, patients et prescripteurs, pour éviter qu'elles ne deviennent insupportables aux "bien portants" avec le risque de briser le pacte social solidaire auquel nous sommes très majoritairement attachés.

(*) NHS: National Health Service, système de santé public du Royaume Uni, géré exclusivement par l'état sans participation des partenaires sociaux et financé par l'impôt.

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