jeudi 9 octobre 2008

Cela ne s'arrange pas !

Le deuxième baromètre de la pauvreté IPSOS/Secours populaire a été réalisé en août 2008 sur un échantillon de 1002 personnes de plus de 15 ans. Dans le souci de ne pas limiter l'évaluation de la pauvreté au seul aspect monétaire, les auteurs de cette étude y ont inclus un certain nombre d'autres paramètres d'appréciation (conditions de vie, accès à la culture, perception de l'avenir,...) parmi lesquels figure l'accès au système de soins et plus généralement l'état de santé.
Il en ressort qu'environ deux français sur 5 auraient déjà retardé ou renoncé à des soins à cause de leur coût, proportion dépassant un sur deux chez les plus pauvres. Ce sont bien entendu les prothèses dentaires et la lunetterie qui sont sacrifiées les premières, mais la consultation chez un spécialiste ou chez un dentiste, l'achat de médicaments, la réalisation d'examens biologiques ou radiologiques sont également concernés, la consultation chez le médecin généraliste n'étant évitée ou retardée que dans 14% des cas très majoritairement concentrés dans les foyers les plus pauvres. Il semble qu'en outre, la hausse récente du prix des carburants ait eu un impact négatif sur l'accès aux soins pour les français les moins fortunés résidant dans des zones où le maillage de l'offre de soins est particulièrement lâche.
L'enquête s'est également intéressée à la perception de leur santé par les sondés eux-mêmes ce qui permet de confirmer que le niveau de satisfaction des français vis à vis de leur état de santé est bien entendu corrélé à l'âge, mais que les plus pauvres décrivent une situation plus négative que les autres, la moitié avouant en outre être dans l'impossibilité de se nourrir de façon saine et équilibrée.
Il est évident que ces chiffres et leur tendance à l'aggravation au fil du temps font entrevoir dans l'avenir des difficultés sanitaires importantes éventuellement de nature à ralentir voire à inverser la croissance de la durée moyenne de vie avec une accentuation des disparités entre les "classes" sociales, comme cela est constatée dans certains pays et non des moindres comme les Etats-Unis .
Pour se limiter à la seule cancérologie, un mauvais état dentaire, une alimentation déséquilibrée favorisant l'obésité, un retard à la première consultation, éléments auxquels on peut ajouter des habitudes toxiques (alcool, tabac) plus répandues dans les milieux défavorisés, tous ces facteurs concourent à une probable augmentation de la fréquence des cancers dits "évitables" (poumon, ORL, colon,...). Il est sans doute temps de réajuster les messages de prévention, les stratégies de dépistage et de diagnostic précoce en fonction de leur faisabilité pratique effective pour éviter que selon l'adage classique il ne soit offert un imperméable qu'à celui qui a déjà un parapluie tout en laissant mouillé et transi celui qui n'a ni l'un ni l'autre. De toute façon, sauf à changer radicalement de paradigme social, si cette situation inquiétante était amenée à perdurer voire à s'aggraver, les coûts de la prise en charge de maladies devenues de plus en plus fréquentes et souvent de plus en plus graves car diagnostiquées tardivement, vont augmenter de façon importante et pèseront in fine sur tous y compris sur ceux dont la situation sociale et financière personnelle actuelle permet de recourir sans réelles contraintes au système de soins.

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