L'IFOP (*) a réalisé au début de l'été dernier un sondage sur la perception qu'ont les français de leur système de santé. Cette étude faite à la demande des sociétés Kiria et Philips a interrogé "on-line" 1005 internautes de plus de 18 ans, considérés comme représentatifs de la population française, selon la formule consacrée.
Parmi une foule de résultats, d'où il ressort globalement que les français font preuve sur ce thème du pessimisme dont ils sont coutumiers dans bien d'autres domaines, un tableau attire plus particulièrement l'attention. Il s'agit de celui qui aborde la confiance que font a priori les français dans les structures de soins en fonction de divers types de pathologies ou de situations médicales qu'ils sont susceptibles de présenter. Sans surprise, les trois catégories retenues dans cette étude ("grands" et "petits" hôpitaux publics, hôpitaux privés) sont au même niveau de confiance pour ce qui est de la maternité ou des soins de suite et de réadaptation.
Par contre, les deux tiers des français interrogés font plutôt confiance aux "grands" hôpitaux publics pour ce qui est de la chirurgie et encore plus nettement pour la cancérologie. Il semble, que la gravité de la pathologie ou l'importance du traitement fassent pencher les réponses vers l'hôpital public que l'on peut supposer être universitaire plutôt que "grand" dans l'esprit de ceux qui ont répondu.
Le problème, c'est que la réalité est tout autre puisque les proportions sont en fait exactement inverses; en effet, globalement, plus des deux tiers des actes chirurgicaux sont réalisés dans le secteur privé commercial et pour ce qui est de la cancérologie, la proportion est du même ordre y compris pour la chimiothérapie et la radiothérapie.
Il ne s'agit pas d'une réelle surprise dans la mesure où les déclarations ne sont pas toujours cohérentes avec les actes. Dans le cas particulier on peut penser qu'il s'agit très majoritairement de réponses de "bien portants" qui de façon peu ou prou rationnelle indiquent leurs préférences "au cas où". Dans la pratique quotidienne, d'autres considérations rentrent en ligne de compte comme la proximité géographique, la réputation, les recommandations par des tiers, etc...sans oublier la connaissance effective par le patient de la nature de la pathologie dont il souffre.
Parmi ces éléments influençant le choix du lieu hospitalier de prise en charge, figure aussi l'idée qu'il existe une sorte de "proportionnalité" entre la taille, voire la réputation, de l'établissement et la gravité de la pathologie présentée. Avoir besoin de recourir à une institution réputée en cancérologie, a fortiori explicite dans sa dénomination, constitue aux yeux de beaucoup, patients et peut-être plus encore entourages, un fait significatif d'une situation médicale préoccupante voire désespérée. On peut alors comprendre, sans pour autant y souscrire, qu'à l'inverse le choix d'un établissement plus petit, neutre dans son intitulé, soit considéré par certains comme plus en accord avec le degré espéré de gravité.
Là encore, l'absence quasi complète d'indicateurs disponibles pour décrire la performance soignante effective des établissements de santé français se fait cruellement sentir, laissant béants les écarts paradoxaux entre les éléments déclaratifs récoltés dans ce sondage et les comportements constatés dans la vraie vie.
(*) IFOP : Institut Français d'Opinion Publique
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